(J’ai pris cet article sur le site handicap.fr)
« Dans les autres pays, je suis incapable de m’orienter dans les transports en commun (…) mais grâce au groupe je suis capable de réaliser beaucoup de choses», explique un participant du Cup-E +, un projet européen de recherche et d’échanges de bonnes pratiques. L’objectif de ce partenariat mené entre 2019 et 2022 dans trois villes européennes : Soustons en France, Bilbao en Espagne et Grotafferrata en Italie ? « Accroître la sensibilisation au handicap au sein des services publics dans les villes participantes, augmenter la participation sociale et citoyenne des personnes en situation de handicap, améliorer leur estime de soi et travailler sur la valorisation de leurs compétences sociales ». Il encourage par ailleurs les outils nécessaires à la communication et à l’interaction avec autrui, de façon verbale ou non. Durant trois ans, cinq associations transnationales, soutenues par la Commission européenne via l’agence Erasmus+ et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), ont participé à des réunions, couplées à des observations de terrain. Un travail articulé autour de trois grandes problématiques : « Comment être acteur dans sa vie ? », « L’environnement : levier ou obstacle dans mon quotidien ? », « Le numérique : quelles utilisations au quotidien ? ».
Des disparités en Europe
Durant chaque session de travail, 120 professionnels du médico-social, chercheurs universitaires et personnes en situation ont animé des ateliers, pris part à des échanges et visité les trois villes hôtes. Ils ont listé les obstacles rencontrés au quotidien (aménagement des trottoirs, cohabitation quasi impossible des vélos et fauteuils roulants, discriminations subies…) et les solutions proposées (demander de l’aide, exprimer ses volontés, négocier des demandes, se justifier et argumenter, faire des choix, voter lors des élections…). La réflexion commune devrait permettre l’élaboration d’un référentiel européen de compétences adapté, avec une version en FALC (Facile à lire et à comprendre). « ‘Je sais me déplacer’, ‘prendre une initiative’, ‘être autonome dans tel secteur’ sont des compétences sociales que l’on peut mettre en exergue dans un document type, sachant qu’elles varient selon l’environnement », explique Benjamin Lerouge, chargé de projet de l’Association européenne des handicapés moteurs (AEHM), partie prenante de Cup-E+.
Ce projet a montré l’approche différenciée du handicap en Europe. Alors que le système français est très centralisé, en Espagne, ce sont les régions qui décident et adaptent leurs stratégies en fonction des spécificités de chaque territoire, une logique que l’on retrouve en Italie mais « qui peut conduire à des inégalités de traitement », nuance l’AEHM. « La compensation financière y est plutôt faible et la prise en charge de proximité repose en partie sur des solidarités locales et familiales », complète-t-elle.
L’autodétermination en pratique
Les résultats de ces réflexions ont été présentés lors d’un colloque le 23 juin 2022 à Soustons, devant un parterre d’acteurs du médico-social, des agences régionales de santé (ARS) et des chercheurs intégrés au projet, mais ils n’ont pas encore été publiés. Ils seront transmis aux « autorités et pouvoirs publics », jusqu’aux plus hautes instances européennes. Autre point positif, les différentes parties prenantes se sont engagées à repenser leur modèle de gouvernance dans leurs établissements, grâce aux différents échanges et aux partages d’expérience. Elles espèrent également inscrire dans la durée les autres grands enseignements de Cup-E +, à savoir, « faire valoir l’expertise et l’expérience des personnes en situation de handicap et faire appel à moins de personnes dites ‘expertes’ du handicap » qui ne sont pas elles-mêmes concernées, « favoriser un modèle de management positif pour tous » et « co-construire avec les personnes accueillies l’ensemble des projets personnalisés ».