J’ai pris cet article sur le site handicap.fr)
Eté 1997. Ramon Espi et Brigitte Berckmans, tous deux handicapés moteur, assistent chaque jour à la baignade des résidents de l’hôpital Marin d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). Piqué par la curiosité et l’envie de prendre à leur tour un bain de mer, le couple finit par rejoindre le groupe sur la plage basque. « Gentiment, le personnel de l’hôpital nous a accompagnés à l’eau, comme il le faisait pour les résidents », se souviennent-ils. Difficile de garder ce concept secret tant il est « formidable ». Petit à petit, l’idée fait son chemin. Quelques échanges avec le maire d’Hendaye et l’association Handiplage voit le jour (article en lien ci-dessous). Son objectif ? Rendre accessible les plages du littoral français aux personnes en situation de handicap. Vingt-cinq ans plus tôt, seule une poignée d’entre elles le sont. Une aberration pour Ramon Espi, originaire d’Espagne, car, de l’autre côté des Pyrénées, une bonne partie de la côte ibérique est aménagée. Pour Ramon et Brigitte, la mission sera donc de taille.
121 plages labellisées
Parti de rien, le réseau Handiplage a désormais labellisé 121 plages et plans d’eau dans l’Hexagone (sur les 2 500 en France !). Ils étaient 83 en 2018. Le label est décerné aux communes selon quatre niveaux de critères, « en fonction de l’évaluation des équipements et des aménagements des sites », du simple accès « personne à mobilité réduite » (PMR) aux sanitaires et parkings jusqu’aux cheminements facilités pour les fauteuils sur le sable en passant par le système sonore aquatique pour les non-voyants. Depuis 2006, l’association propose également aux municipalités de former leurs équipes pour devenir « handiplagistes », des accompagnateurs spécialisés auprès de personnes en situation de handicap. 218 personnes ont aujourd’hui reçu cette formation partout en France. « Nous travaillons main dans la main avec les municipalités, les associations locales et les équipementiers pour améliorer les appareillages », explique Valérie Barrel, secrétaire de l’association. C’est ainsi que le tiralo, un transat amphibie destiné aux personnes à mobilité réduite, a été pensé. Cette invention 100 % made in France est le fruit d’une collaboration entre Handiplage et l’ESAT l’Ensoleillade de Lons (Pyrénées-Atlantiques).
Une carte des plages en ligne
Pour localiser les lieux adaptés en bord de mer, l’association propose une carte des plages labellisées sur son site. Elle conseille également de se rapprocher de la mairie de chaque station balnéaire pour réserver un tiralo ou une baignade avec l’un des handiplagistes disponibles. Si la majorité des plages disposent d’un label de critère 1 avec les équipements minimums, de plus en plus « montent en gamme » et acquièrent le niveau 2 ou 3. Fort d’une belle attractivité, vectrice de tourisme, le dispositif Handiplage semble faire des émules jusque dans les terres. « De plus en plus de villes se tournent vers nous car elles souhaitent réaliser des travaux du littoral vers l’intérieur », fait savoir Valérie Barrel. Après la côte basque, la Bretagne et le Nord ont eux aussi « engagé un travail considérable pour l’ouverture de leurs plages », ajoute-t-elle.
Nouveau : Handiplus Aquitaine
25 ans après son lancement, l’association Handiplage continue de mener sa barque. Elle va même plus loin avec son nouveau projet « Handiplus Aquitaine », un site de référencement touristique à destination des personnes handicapées. « A force de recevoir des demandes pour trouver des logements adaptés à proximité de la mer, nous avons décidé de créer une sorte de bouquet de services accessibles, de la plage au logement, en passant par les activités touristiques et culturelles », indique Valérie Barrel. Une solution qui, si elle cartonne, pourrait être déployée à plus grande échelle.