Route. Fauteuils roulants en danger

Depuis des années, l’Association des paralysés de France (APF) lutte pour que les personnes qui se déplacent en fauteuils roulants électriques puissent emprunter les pistes cyclables. Interdit, leur répond le législateur qui leur montre la chaussée. Et ce, malgré l’évidence des risques encourus.

Jean-Pierre Quiviger est atteint, depuis son plus jeune âge, d’une maladie de la colonne vertébrale. « Il y a encore une dizaine d’années, je réussissais à marcher, explique ce souriant quinquagénaire. Ensuite il a fallu me résoudre à me déplacer en fauteuil. Pas évident du tout ». Jean-Pierre habite dans le bourg de Plougastel-Daoulas (29). 
Dynamique, mettant son temps libre au profit du club de basket en gérant les salles, il est amené à se déplacer fréquemment. « Il y a encore quelques semaines, j’empruntais les pistes cyclables avec mon fauteuil électrique. Un engin qui peut monter à 30 km/h. J’y avançais en toute sécurité sans gêner personne. Jamais je n’ai eu une remontrance avec un cycliste ».
Comme Jean-Pierre utilisait régulièrement son fauteuil, à la nuit tombée, il avait fait monter des lumières à l’avant et à l’arrière. « Je porte aussi toujours un gilet et des gants fluo. Je n’ai jamais badiné avec la sécurité ». Et puis, un beau jour, après des mois passés à circuler dans les rues du bourg, la police municipale est venue à sa rencontre pour lui signifier qu’il devait emprunter la chaussée, comme tout autre véhicule à moteur (*). « Je n’en croyais pas mes oreilles. Le pire, c’est que le policier municipal avait raison ». Jean-Pierre veut en avoir le coeur net et se rapproche de la gendarmerie. Le militaire qui l’accueille ce jour-là lui dit qu’il préfère le savoir sur la piste cyclable que sur la route. Question de bon sens.

« Il faut être fou pour emprunter la chaussée »

Depuis, Jean-Pierre n’utilise plus son fauteuil électrique comme avant. « J’ai essayé la chaussée. Il faut être suicidaire pour y mettre les roues. On se fait frôler par les les camions, les bus et les voitures. Elles arrivent à toute allure derrière nous. Et les conducteurs freinent brusquement, surpris de la vitesse à laquelle on roule. On se fait klaxonner et engueuler par des automobilistes qui ne comprennent pas ce qu’on fait là. Le sentiment de danger et de vulnérabilité est permanent. Et puis, je n’ai pas envie de me faire verbaliser ».

APF : « un sujet récurrent »

À l’Association des paralysés de France (APF), on dit être conscient de ces problèmes. « C’est une question récurrente. Et nous demandons que le code de la route soit modifié, pour que les pistes cyclables soient ouvertes aux fauteuils roulants, souligne Thierry Duval, le permanent départemental de l’APF dans le Finistère. C’est complètement illogique. Imaginez un seul instant une personne, en fauteuil, dans un grand rond-point en ville. C’est l’accident assuré ». 
Thierry Duval fait le constat que, plus les années passent, et plus on tend à considérer les fauteuils électriques comme des véhicules à part entière, alors que c’est un équipement d’aide à la mobilité. En effet, selon le code de la route, le fauteuil électrique rentre dans la catégorie L6e, véhicule à moteur à quatre roues, dont le poids n’excède pas 350 kg. Et le permanent de l’APF de se demander si demain il faudra porter un casque ou passer son brevet de sécurité routière (BSR) pour se déplacer en fauteuil. « Si ça continue, les personnes handicapées ne pourront plus poser une roue dans une galerie commerciale. Et cela à cause d’une réglementation stupide ». 
Le Fauteuil Roulant Electrique
Selon l’Article R-311- 1 du code de la route le Fauteuil Roulant Electrique entre dans la catégorie L6e des véhicules :
– 4. 6. Véhicule de catégorie L6e : véhicule à moteur à quatre roues dont le poids à vide n’excède pas 350 kilogrammes (quadricycle léger à moteur), la vitesse maximale par construction est égale ou supérieure à 6 km / h et ne dépasse pas 45 km / h et la cylindrée n’excède pas 50 cm ³ pour les moteurs à allumage commandé ou dont la puissance maximale nette n’excède pas 4 kilowatts pour les autres types de moteur (…) la charge utile n’excède pas 200 kilogrammes pour un transport de personnes.
NB : la grande majorité des FRE ont un poids inférieur à 200 kg (pour le fauteuil) et permettent le transport d’une personne pesant jusqu’à 180 kg. 

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En conséquence, un utilisateur de FRE doit donc circuler sur la Chaussée, et s’il roule au pas (en dessous de 6Km/h) il peut rouler sur le trottoir. Mais il ne peut pas rouler sur une piste cyclable (sous peine d’amende). Encore une loi absurde qu’il faudrait changer rapidement.

Cette publication a un commentaire

  1. Anonyme

    Bonjour, je me permets de porter un commentaire sur ce sujet difficile car moi même étant en fauteuil MANUEL je suis parfois obligé de rouler sur la chaussée vu l'état de délabrement des pistes cyclables.

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