Rentrée 2016 : élèves handicapés, tout va pour le mieux ?

(j’ai pris le texte sur le site handicap.fr)

Ce que disent les chiffres… Aujourd’hui, en France, on estime à 1,3 million le nombre d’enfants handicapés. Combien sont scolarisés en milieu ordinaire ? Selon les chiffres tirés du Projet de loi de finance 2017, « depuis 2006, leur nombre a doublé pour atteindre 279 000. En parallèle, le nombre d’élèves bénéficiant d’un accompagnement humain est passé de 76 000 à 122 150 (+10 points). Les moyens humains dédiés à l’accompagnement du handicap (AESH, contrats aidés) ont, quant à eux, augmenté de près de 70%, atteignant désormais environ 50 000 ETP (équivalents temps plein), pour assurer un taux de couverture satisfaisant des prescriptions MDPH, malgré leur hausse constante)». Lors de la Conférence nationale du handicap du 19 mai 2016, le président de la République a annoncé une mesure de transformation progressive des contrats aidés dédiés à des missions d’aide humaine en 32 000 emplois d’AESH sur 5 ans.

Un combat de tous les jours

Le compte est-il vraiment bon ? Car même si tous les enfants en situation de handicap ne peuvent pas être scolarisés, combien sont contraints de rester à la porte de l’école ? Dans une interview accordée à RTL, la ministre Nadjat Vallaud Belkacem assure qu’un« cas particulier ne doit pas occulter la réalité de ce que nous faisons ». Mais que répondre à ces familles sans solution pour lesquelles chaque jour est un combat, maintenues dans une impasse ? A l’initiative d’Estelle Ast -la maman qui est montée sur une grue à Toulouse après que son fils Allan a été déscolarisé (article en lien ci-dessous)- ces « cas particuliers » ont pris la parole dans une vidéo intitulée « Enfants handicapés, enfants déscolarisés » (en lien ci-dessous). La maman d’Elie, autiste, celle de Noah atteint de maladie lysosomale ou d’Elia porteur d’un syndrome de Pierre Robin…

Aide handicap école fait face

Chaque année, les mêmes discours politiques et, face à eux, les mêmes détresses. Début septembre, c’est parfois le chaos, la faute à la mise en œuvre d’un dispositif lourd à gérer. Le manque d’AVS revient en tête des revendications mais ce peut être aussi une scolarité réduite à peau de chagrin, une ou deux heures par semaine. Une aumône ! Il suffit d’attendre quelques jours… On les appelle « dysfonctionnements ». Et lorsque les choses s’éternisent ? Un mois plus tard, la situation a-t-elle vraiment évolué pour des centaines (des milliers ?) de familles ? La plateforme téléphonique Aide handicap école (0810 55 55 00), dispositif dédié aux parents en difficulté, affirme mettre en œuvre tous les moyens nécessaires mais, dans une conversation enregistrée (en lien ci-dessous) le 1er octobre par le CCH (Collectif citoyen handicap), reconnait que certaines situations sont « dramatiques » et confirme que « l’Education nationale a un réel problème sur les difficultés d’accompagnement ». Aide handicap école, ce sont huit personnes pour gérer des centaines de « dossiers ». De l’aveu de Philippe Van den Herreweghe, directeur de cette cellule, son équipe « a beau se battre pour les enfants », certains parents peinent malgré tout à obtenir une issue rapidement. Parfois pas d’issue…

Les enseignants montent au créneau

Partout en France, parents et associations interpellent sans relâche les pouvoirs publics. Parfois, les enseignants montent aussi au créneau, s’avouant, faute de moyens et de formation, totalement démunis. En Haute-Garonne, une intersyndicale a tenu un point presse fin septembre pour évoquer les « points noirs » de la rentrée 2016 dans le premier degré. Rien que dans le département, selon un article publié dans La dépêche, 600 élèves en situation de handicap n’avaient pas d’AESH. « Les 2 300 élèves de plus et l’augmentation mécanique du nombre d’élèves à besoins particuliers que cela entraîne n’ont pas été pris en compte dans un premier temps. L’administration est actuellement dans une phase de recrutement de 350 personnes », assure l’intersyndicale.

Rendez-vous au ministère

Le 19 septembre 2016, la vice-présidente du CCH était reçue au ministère de l’Education nationale. Elle était accompagnée, notamment, d’Estelle Ast. « Je suis juste désespérée par ce discours langue de bois, explique Estelle en son nom propre. Nous ne sommes pas venus parler des enfants qui vont bien et sont scolarisés mais de tous ceux qui ne le sont pas. C’est bizarre, nous n’avons pas les mêmes statistiques qui remontent. Oui, bien sûr, il y a des progrès mais ils font quoi avec les cas d’urgence ?» Et de comparer notre système scolaire à celui d’autres pays européens comme l’Italie ou la Suède où les enfants en situation de handicap sont accueillis au sein de l’école ordinaire, en grande majorité. « En France, on en est loin ; on délocalise les établissements médico-sociaux dans les écoles mais je n’appelle pas cela l’inclusion,tranche Estelle. On veut manifestement les mettre à l’écart, parce que ça dérange la maîtresse et les autres élèves. Point barre ! Il y a quelques jours, à l’issue de la réunion des parents, la seconde enseignante de mon fils, qui assure un remplacement, me demande : « Vous n’avez jamais pensé à mettre Allan dans un établissement ?». Bah non, merci du conseil ! 26 ans à tout casser ; bravo la relève»!»

CUI, contrats précaires

Au-delà du manque d’accompagnement, ce sont aussi les contrats type CUI-CAE qui sont dans le collimateur de certaines associations. Des contrats d’accompagnement dans l’emploi, destiné à des publics précaires, sans compétence pour accompagner des élèves à besoins spécifiques. « Ce type de contrat met tout le monde en difficulté,poursuit Estelle, alors qu’il existe un vaste vivier d’éducateurs qui sont vraiment spécialisés. Mais, évidemment, ce ne sont pas les mêmes salaires ; il faut y mettre les moyens ! Mais on peut toujours mutualiser et ne pas faire du un pour un ». Des moyens, François Hollande, a assuré que les enfants handicapés en auraient. Pour eux, « la république c’est une promesse…», selon le chef de l’Etat. Faudra-t-il s’en contenter ?

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