Une femme en fauteuil roulant souhaitant entrer dans un café avec son chien d’assistance. Le patron qui fait barrage au motif que les animaux ne sont pas acceptés à l’intérieur. Le ton monte, chacun campe sur ses positions, l’une brandissant la loi, l’autre la convention collective. Cette scène s’est déroulée le 14 août 2020 à Castres, une commune du Tarn. La vidéo de l’altercation, diffusée sur la page Facebook « 2000 LOL face à la maladie » (cliquez ici pour voir la vidéo) le 17 août, est devenue virale : 3,6 millions de vues en deux jours et des dizaines de milliers de commentaires d’internautes indignés.
Interdiction d’interdire l’accès
En vacances dans le sud de la France avec sa famille, Mathilde ne s’attendait pas à provoquer un tel esclandre, bien qu’étant habituée à rappeler la législation à de nombreux commerçants… Selon la loi du 11 février 2005, l’accès aux transports et aux lieux ouverts au public, notamment, doit être autorisé aux « chiens guides d’aveugle ou d’assistance », sous peine d’écoper d’une amende de troisième classe pouvant aller jusqu’à 450 euros. « Quelle que soit la règlementation, vous ne rentrerez pas chez moi, avec ou sans chien. J’ai le droit de refuser des clients alors, hop, du vent ! », lui rétorque le patron de l’épicerie fine « Saveurs du temps ».
Pas de chien dans l’agroalimentaire ?
L’altercation a duré une heure, débouchant sur l’intervention de la police municipale et d’une main-courante. « C’est moi qui vais porter plainte contre vous parce que vous m’empêcher de travailler »,s’exclame la commerçante sur la vidéo. Le couple s’estime dans son bon droit. « Nous sommes un établissement assimilé à l’agroalimentaire puisque nous brûlons du café. Donc les animaux ne peuvent pas rentrer chez nous », explique-t-il dans les colonnes de la Dépêche du Midi, assurant que « toute cette histoire n’a rien à voir avec le handicap ». « Nous recevons régulièrement chez nous des personnes en fauteuil roulant mais pas de chien », poursuivent-ils avant d’appeler les internautes à prendre du recul. « Les quinze secondes de vidéo ne reflètent pas la réalité d’une histoire qui a duré une heure », plaident-ils, estimant que Mathilde « criait et tentait de forcer le passage ».
Privée de son autonomie
« Pour ces gens, une personne en situation de handicap ne doit pas être autonome et doit soit confier son chien (qui est essentiel pour faire mes courses, prévenir mes malaises etc.), soit faire acheter son café » par une tierce personne, déplore Mathilde qui appelle à plus de tolérance. Une fois « remise de ses émotions », Mathilde a déposé plainte, espérant obtenir « le respect de ses droits ». Le couple de commerçants aurait fait de même face à la vague de commentaires « haineux » publiés à leur égard.
Un cas parmi tant d’autres
Malheureusement, cette polémique est loin d’être un cas isolé. Fin 2018, à Marseille, un malvoyant avec son chien avait été violement expulsé d’un magasin d’alimentation. A Pau, c’est un chauffeur de taxi qui refusait tout simplement de prendre un aveugle et son chien (articles en lien ci-dessous). En 2019, à Lyon, un chien guide avait interdiction d’entrer dans le Tribunal de grande instance, sans parler des taxis… Face à ces innombrables refus, Sophie Cluzel avait adressé, en août 2019, une circulaire à tous les préfets pour leur rappeler de faire appliquer la loi. A remettre au goût du jour ?