(j’ai pris cet article sur le site handicap.fr)
C’est écrit noir sur blanc sur le site de la RATP ! Depuis le 1er avril 2021, de nouvelles règles de tarification des transports en commun sont entrées en vigueur en Ile-de-France conférant des avantages aux accompagnants de personnes handicapées. Concrètement, l’accompagnateur d’un titulaire d’une carte mobilité inclusion (ancienne carte d’invalidité) bénéficie d’une réduction de 50 % sur son billet ou de la gratuité totale si la carte porte la mention « besoin d’accompagnement » (BA). C’est notamment le cas de Kevin Fermine, 27 ans. Pourtant, le 28 juin 2021, cet étudiant atteint du syndrome de Little (dégénérescence des neurones) s’est vu refuser ce droit au motif que sa carte n’était pas « conforme ». Le guichetier avait visiblement un train de retard…
Des tarifs différents en fonction du handicap ?
« Plus de 15 euros le trajet Marne-la-vallée-Chessy – Châtelet-les-Halles ! », s’insurge le jeune francilien en fauteuil roulant sur Twitter. « Tout dépend effectivement de ce qui est indiqué sur la carte d’invalidité. Si elle comporte la sous-mention ‘Cécité’ ou ‘Cécité besoin d’accompagnement’, l’accompagnateur bénéficie de la gratuité sur l’ensemble des transports franciliens. Si elle ne comporte aucune sous-mention, aucun avantage tarifaire n’est accordé », lui répond la RATP. Que nenni, la déficience visuelle n’est pas la seule à entraîner une prise en charge de l’accompagnateur. Elle permet toutefois au voyageur handicapé de bénéficier d’une réduction de 50 %, en plus de la gratuité pour l’accompagnateur. Les autres personnes handicapées doivent, quant à elles, s’acquitter d’un billet plein tarif.
Manque d’accessibilité des transports
Outré par cette réponse erronée et discriminante, « contraire aux grands principes auxquels doit répondre un service public, à savoir le principe d’égalité », Kevin Fermine a adressé une lettre de réclamation à la RATP dans laquelle il demande le remboursement du billet de son accompagnateur. « D’autant plus que l’accessibilité des transports en commun en Ile-de-France est vraiment catastrophique », ajoute-t-il. Il n’a, à ce jour, obtenu aucune réponse. Le « comble » ? Cette mésaventure s’est produite dans une gare située sur la ligne A, labellisée Cap’Handéo qui prétend « être au service de tous, pour une meilleure mobilité quel que soit son handicap ». Cette démarche a pour ambition, via la formation des 950 agents de gare de la ligne et l’adaptation des équipements, un meilleur accueil des personnes handicapées à chaque étape du voyage : de la prise d’information en amont (site web accessible, service clientèle formé), à la réalisation du trajet (agents formés, matériel roulant et équipements adaptés) et s’inscrit dans l’Agenda d’accessibilité programmée (Ad’AP) d’Ile-de-France mobilités.
La SNCF attaquée pour discrimination
Ce n’est pas la première fois que Kevin s’attaque à une société de transports. En 2018, ce militant associatif attaquait la SNCF pour « discrimination », estimant que les trains -notamment le bar et les toilettes- ne sont pas adaptés aux personnes en situation de handicap, avant d’être débouté de son action. En juin 2019, la Cour d’appel de Toulouse avait finalement condamné la SNCF à verser 5 000 euros de dommages et intérêts. Une décision annulée par la Cour de cassation, plus haute juridiction pénale française qui « ne fait que renforcer mon sentiment qu’en France les personnes handicapées sont considérées comme des citoyens de seconde zone », déplorait le jeune homme à l’issue de l’ultime procès, faisant savoir qu’il comptait saisir la Cour européenne des droits de l’Homme.