(J’ai pris cet article sur le site handicap.fr)
Mars 2023. Timothée Adolphe, médaillé de bronze sur 400 mètres aux derniers mondiaux de para athlétisme, s’apprête à prendre l’avion direction Toulouse, avec son chien guide, Jappeloup. Ce dernier n’est finalement pas le bienvenu à bord de la compagnie low-cost EasyJet au motif qu’il « n’a pas été formé dans une école reconnue sur le plan international ». « Faux », répond l’athlète non-voyant qui doit revoir ses plans et changer de compagnie au dernier moment. Une situation loin d’être isolée puisque des cas similaires sont régulièrement rapportés dans la presse. Pourtant, la législation française est formelle : « Les chiens d’assistance reconnus des personnes handicapées et des personnes à mobilité réduite devront être installés à bord sans coût supplémentaire, sous réserve de notification préalable (…), autant que possible avant le voyage », peut-on lire sur le site du ministère des Transports.
Différentes règles selon les pays
Même son de cloche à l’échelle européenne. Dans le règlement européen CE n°1107 du 26 juillet 2006, il est clairement indiqué que « le transporteur est tenu de prendre en charge le chien d’assistance accompagnant la personne handicapée ». En revanche, son annexe 2 précise que « le chien voyage en cabine selon les réglementations nationales ». Une définition au cas par cas qui invite les compagnies à quelques largesses et différentes interprétations. Résultat, les passagers et leur animal d’assistance « volent » dans le flou. C’est le cas de Kevin Fermine, qui prépare son séjour au Canada depuis février 2023 avec Air France.
Chez Air France, des infos contradictoires
Il relate notamment une mauvaise expérience auprès du service d’assistance Saphir, qui s’est traduite par des indications contraires. « L’interlocutrice m’a indiqué qu’il serait préférable que je m’acquitte d’un deuxième siège pour permettre à mon chien d’assistance de voyager à mes côtés. Puis, lors d’un second appel, un de ses collègues a réfuté́ ce conseil », précise Kevin. Contacté par Handicap.fr, Air France n’a pas répondu à notre sollicitation. Les seuls informations transmises par la compagnie sont celles disponibles sur son site, à savoir, notamment, que « l’animal doit respecter toutes les exigences sanitaires et douanières locales des pays de départ, de correspondance et d’arrivée » et doit « être en possession d’un passeport européen pour animal de compagnie, d’une micro-puce ou d’un tatouage ou encore d’un certificat de bonne santé attestant que l’animal ne fera pas ses besoins pendant un vol de 8 heures ou plus, ainsi que d’une carte chien d’un organisme de formation agréé ». « Il faut effectivement penser à leur faire faire leurs besoins essentiels et ne pas donner trop d’eau avant de partir. Mais les chiens guides sont capables de se retenir entre 14 et 16 heures », souligne Chantal Rialin, passagère déficiente visuelle.
Seuls les chiens formés autorisés
La compagnie impose des règles de voyage comme le fait d’attacher l’animal en permanence au siège ou à la ceinture de sécurité, de ne pas obstruer les allées… Toute demande de transport d’un animal d’assistance doit être adressée par mail au minimum 48 heures avant le départ (ou 96 heures en cas de voyage en provenance ou à destination du Royaume-Uni). Enfin, Air France précise qu’elle n’accepte sur ses vols que des chiens « formés auprès d’une organisation certifiée et reconnue comme animal d’assistance conformément aux réglementations internationales ». En cochant toutes ces cases, Chantal Rialin s’est envolée vers la Réunion sans encombre et son chien a pu voyager « comme un pacha ». « Il suffit juste d’appeler en amont le service dédié et arriver plus tôt que les autres passagers car nous embarquons et débarquons en premier », précise-t-elle.
Bien se renseigner en amont
Si les protocoles sont relativement similaires d’une compagnie à l’autre, de nombreuses exceptions existent. Il convient donc de bien se renseigner en amont. « Les compagnies aériennes européennes fonctionnent selon les mêmes règles mais peuvent les interpréter différemment, voire en inventer de nouvelles », précise l’organisation européenne Euroblind. Elle cite justement le cas de ce « propriétaire de chien guide originaire de Malte », qui a dû séjourner seul dans un hôtel d’Amsterdam parce que la compagnie aérienne refusait d’accepter son chien sur un vol avec escale, et qui a dû « attendre plusieurs jours un vol sans escale » ou encore « cet autre voyageur qui a dû utiliser une muselière bien que les chiens guides ne soient pas entraînés à en porter une ».
Vers une harmonisation de la règlementation ?
Face à ces situations complexes, la Conférence européenne de l’aviation civile (CEAC), travaille à l’élaboration de « recommandations visant à harmoniser la règlementation ». Prévoira-t-elle un volet dédié au transport des animaux de soutien émotionnel, qui accompagnent les personnes avec des troubles mentaux ou victimes de stress et qui donnent bien du fil à retordre aux compagnies aériennes américaines (Lire : Animal de soutien émotionnel : panique dans les avions !) ? En effet, après de nombreux abus de passagers qui embarquaient avec leur poney, leur chèvre ou même leur paon, certains transporteurs ont dit stop et durci les règles.
En cas de doute ou de non-respect du droit des passagers, la délégation ministérielle à l’accessibilité invite à saisir la Direction générale de l’aviation civile sur une plateforme dédiée